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Bertrand Scholler : « Échecs, go et poker : les jeuxde la géopolitique »

Découvrez le nouvel article de Bertrand Scholler, disponible dans Le Banquet.
Jeu de go

Crédits photo : Shutterstock

Depuis des mois, sur les réseaux sociaux et dans la presse, les références aux jeux d’échecs, de go et de poker se multiplient pour expliciter ce qui se joue dans le monde, entre une Russie qui serait un joueur d’échecs, la Chine qui serait un joueur de go et les États-Unis qui seraient des joueurs de poker. Ceci semble simplificateur, voire caricatural. Mais quand on se penche dessus, on se rend compte que les racines des civilisations reposent sur leurs religions (ou leur absence de religions), les contes racontés aux enfants et les jeux auxquels on les a fait jouer.

Très jeune, j’ai eu la chance d’apprendre à jouer aux échecs. J’étais plutôt doué, car j’avais de la mémoire ET que je ne jouais pas dans la précipitation. Je regardais, j’imaginais et j’essayais de ressentir le jeu au point de réaliser que ce que m’apprenaient les échecs sur les rapports humains dépassait tout ou presque. Je me disais que celui qui avait inventé le jeu avait une vision très claire des rapports humains. 

Ainsi les échecs sont le jeu d’un face à face musclé mais raffiné qui ressemble beaucoup à l’art de la guerre militaire conventionnelle.

Plus tard, j’ai appris à jouer au jeu de go, auquel il faut donner quelques minutes pour croire « y jouer » des heures, puis des années pour comprendre qu’on ne sait toujours pas y jouer. En effet, ce n’est pas un jeu, c’est une certaine vision des rapports humains, une philosophie, c’est le jeu de la conquête pierre à pierre. Puis, j’ai été attiré tardivement par le poker et c’est surtout sur Internet, en regardant des vidéos, que j’ai commencé à apprécier ce jeu fascinant, qui m’a rappelé les films de cow-boys (une pile de dollars, des cartes cachées dans la manche et un gros Colt, plus des amis armés dans la salle, du whisky, un piano et des femmes), ces films de mon enfance et l’attitude américaine sur la scène internationale.

Ainsi, le poker est un jeu qui sort des conventions, car très peu est montré et pourtant tout peut être vu à qui sait observer et mémoriser. C’est aussi un jeu dans lequel provoquer l’adversaire permet de mieux le jauger, car personne n’a le même jeu au départ et tout ce qui se passe impacte chacun différemment. 

Pour conclure cette introduction, je rappelle qu’une partie de poker, ce sont 5 coups par donne, puis les donnes sont répétées jusqu’à ce qu’un seul joueur ait pris tous les jetons, c’est le jeu de l’hégémonie sans partage, la « triche » fait partie du jeu. Aux échecs, il n’est rare de faire plus de 50 coups pour emporter une partie et au go, il faudra souvent plus de 150 coups par chaque joueur pour arriver à un dénouement, qui ne devient clair que tardivement quand les niveaux des joueurs sont proches. Néanmoins, les 3 jeux permettent des rebondissements et des retournements de situation, surtout le poker. Avec tous ces éléments en tête, entrons dans la vif du sujet. Il y a manifestement un lien entre les cultures profondes de certains peuples et leurs jeux fétiches dans l’imaginaire collectif des grandes puissances contemporaines que sont la Russie (échecs), la Chine (go) et les États-Unis (poker).

La clé aux échecs

Pendant la Guerre froide, les grands pays en présence ont tous essayé de trouver chez eux de grands champions d’échecs pour livrer des batailles épiques, dont la presse à gros tirages se faisait l’écho (la France, comme dans d’autres sports a régulièrement nationalisé les champions d’autres pays). Alors que l’URSS était au sommet de sa force, un joueur américain a bouleversé la hiérarchie des échecs. Bobby Fischer était beaucoup plus fantasque que ses adversaires russes, qui dominaient le monde sans partage, jusqu’à la légendaire partie de 1972, lors de laquelle, le fantasque américain a battu le Grand Maitre International Boris Spassky. Cette défaite, cumulée avec celle de la conquête spatiale, aura un impact fort sur le moral des Soviétiques, c’est aussi l’époque de la crise des missiles de Cuba, de l’assassinat de JFK et le début de la crise pétrolière qui marque la fin des 30 glorieuses.

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JLJUNET
JLJUNET
10 mois il y a

Je suis étonné que le jeu de go soit une référence pour la Chine!? il me semblait que ce jeu était d’origine Nippone…?! Ceci étant dit, il semble qu’effectivement les « nouvelles route de la soie » ressemblent à des prises de territoire…du jeu de go.

Dominique Williams
Dominique Williams
10 mois il y a

Bonjour,
Le 18 août dernier, je me suis abonnée au Banquet pour trois mois, mais n’ai jamais reçu aucune confirmation. J’espère recevoir la revue numérique bientôt!
Cordialement
Dominique Williams

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