Pédocriminalité à Pau : déni et mensonges de François Bayrou

Crédits photo : Shutterstock
Le 5 février 2025, Mediapart est revenu sur un scandale pédocriminel d’ampleur.
Il concerne un établissement privé catholique : Notre-Dame-de-Bétharram, près de Pau.
Pas moins de 112 plaintes pour violences physiques, agressions sexuelles et viols ont été comptabilisées.
Les faits se seraient déroulés entre les années 1950 et 2010.
Et François Bayrou se retrouve indirectement mêlé à cette affaire…
Ses enfants étaient scolarisés dans les années 1990 dans l’établissement mis en cause.
C’est le moment où les premières plaintes ont été révélées.
Et Bayrou a également occupé plusieurs postes de premier plan sur la scène politique de la région.
Conseiller municipal puis maire de Pau, conseiller général puis président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques…
Par ses fonctions depuis le milieu des années 1980, on peut être convaincu qu’il ait eu vent d’un tel scandale !
Problème : le Premier ministre jure n’avoir jamais rien su de toute cette affaire…
… alors que Mediapart a recueilli plusieurs témoignages semblant prouver le contraire !
Une contradiction… du Bayrou du passé !
L’affaire Notre-Dame-de-Bétharram n’est pas vraiment nouvelle.
Il faut remonter en 1996 pour voir émerger une première plainte.
À cette époque, un surveillant a été condamné après avoir frappé un élève de 14 ans qui, suite à ce drame, a perdu une partie de son audition.
Plusieurs articles de presse, notamment de médias nationaux, furent publiés à l’époque.
Pourtant, François Bayrou explique n’avoir jamais eu le moindre écho de cette affaire.
Une déclaration contredite par plusieurs intervenants, dont le père de la jeune victime…
… mais également par François Bayrou lui-même !
Ce dernier était ministre de l’Éducation nationale au moment des faits.
Un mois après la plainte contre l’enseignant, il s’était rendu à l’internat pour “apporter son soutien à l’établissement” avec le ministre de la Culture de l’époque, Philippe Douste-Blazy.
Devant la presse, il aurait même affirmé : “Nombreux sont les Béarnais qui ont ressenti ces attaques avec un sentiment douloureux et un sentiment d’injustice”.
1998 : nouvelle affaire… silence absolu
En 1998, une nouvelle plainte a été déposée, cette fois contre le directeur de l’établissement, le père Carricart.
Ce dernier était accusé d’avoir violé un enfant.
Une enquête a été ouverte suite à un premier témoignage et d’autres victimes se sont manifestées.
Malgré plusieurs plaintes des parents d’élèves, François Bayrou a brillé par son silence…
… et il continue d’affirmer, plusieurs années plus tard, qu’il n’a jamais eu écho de ces scandales.
Pourtant, un article de Mediapart du 9 juin 2009 révèle que “des parents avaient écrit à François Bayrou, sans obtenir de réponse”.
Et ils ne sont pas les seuls à corroborer l’idée que Bayrou avait parfaitement connaissance de ces accusations !
Une thèse contredite par le juge !
Christian Mirande était le juge chargé de l’affaire.
Et il a toujours maintenu que François Bayrou avait eu vent de ces scandales.
Il affirmait notamment le 12 mars 2024 dans un article du Point : “Il est venu me parler toute une après-midi de cette affaire, au début de la procédure, de façon feutrée. Il n’arrivait pas à croire que Carricart ait pu avoir un tel comportement déviant”.
Une rencontre décisive entre un homme politique, chargé du ministère de l’Éducation nationale, et un jugé bien décidé à faire le clair sur cette affaire pédocriminelle……
Mais François Bayrou ne s’en souvient pas !
Interrogé par Mediapart le 5 février 2025, le juge persiste et signe : “Notre rencontre de l’époque ne portait pas sur autre chose, c’était spécifiquement sur ce dossier, notamment parce que l’un de ses enfants était scolarisé à Notre-Dame-de-Bétharram”.
Du côté du Premier ministre, silence radio !
François Bayrou fait-il l’objet d’une grande machination où tous les témoignages s’accumulent pour le contredire ?
Sommes-nous face à la dissimulation volontaire d’un scandale pédocriminel notoire par l’une des figures politiques les plus importantes de France ?
Il y a parfois des silences qui en disent long…
… et celui-ci est particulièrement lourd.