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Délire sanitaire : le ver était dans le fruit

Nouvel extrait de Juste Mensuel
agriculture

Crédits photo : Shutterstock

Extrait de l’article Délire sanitaire : le ver était dans le fruit de Marion Messina paru dans le Juste Mensuel n°4 (Mars 2022)

Il y a quelques jours, j’ai retrouvé la trace d’un homme que j’avais croisé dans une autre vie. Cet homme, c’était un producteur de fruits, dans la Drôme, que j’avais rencontré à l’occasion d’un café paysan organisé par l’Addear de l’Isère, huit ans auparavant. M’est alors revenue une chose curieuse qu’il me semblait avoir entendu jadis de sa bouche : les autorités sanitaires obligeaient les paysans à traiter leurs arbres contre la sharka, un virus qui décolore les fruits et les rend invendables (du moins auprès des clients bégueules) mais qui ne présente aucun danger pour la santé des humains qui goûteraient aux produits amochés.

À l’occasion de ces retrouvailles impromptues et marquées unilatéralement par la joie, je lui ai demandé si mes souvenirs étaient exacts. Le Monsieur m’a aussitôt rassurée quant à la fraîcheur de mes neurones et a étayé son propos : oui, l’administration exige bien un traitement contre un petit aléa naturel, bien innocent. Les producteurs industriels de fruits doivent fournir aux centrales d’achat pour la (très) grande distribution des produits calibrés, respectueux de cahiers des charges fort stricts et le moindre pépin (vous apprécierez le jeu de mots) leur vaut des pertes financières considérables. Ainsi, il importe de protéger les gros producteurs des bénins tracas de mère nature car les petits paysans, eux, vendent sans problème leurs lots d’abricots, de pêches et de prunes tachetés de blanc dans des circuits courts auprès de clients plus préoccupés par le fond que par la forme. Pour se protéger, les mastodontes font pression sur l’administration (composée de gens dans les bureaux qui n’y entendent pas grand-chose et comptent sur le retour du terrain effectué par… les gros producteurs) qui, pour se couvrir du risque d’accusation de bras ballants face à la menace du siècle, finit par opter pour la solution : le traitement obligatoire pour tous. Sans compter que nombre de producteurs industriels peuvent siéger au sein même des chambres d’agriculture en tant qu’élus et que les décisions prises dans ce milieu vont souvent à l’encontre des petites structures aux budgets serrés qui luttent constamment pour éviter la spirale de l’endettement par des solutions à bas coût, davantage écologiques. 

La sharka, je l’ai senti, c’était un peu la goutte d’eau qui faisait déborder le vase de notre arboriculteur. Pour lui, la lutte inutile contre ce petit virus était le symbole d’un monde agricole devenu fou et qui ne supporte plus de laisser faire la nature : un monde qui considère qu’une parcelle à l’abandon est « dangereuse », qu’un paysan en agriculture biologique est vecteur de saloperies (dont l’abus de phytosanitaires permettrait de se préserver), qu’un champ avec des adventices est « sale » même quand les adventices peuvent présenter des avantages pour les productions végétales. « Le problème, c’est que l’administration prétend n’avoir pas les moyens de mobiliser des conseillers scientifiques sur des questions comme celle de la sharka. Par conséquent, les plus grandes gueules du milieu déboulent dans les bureaux, mettent la pression à des fonctionnaires qui n’y entendent pas toujours grand-chose et décident eux-mêmes des règles, en dépit du bon sens, en dépit de l’écologie, pour servir leurs intérêts. Les agriculteurs dominants discutent d’égal à égal avec l’administration quand les petits paysans n’ont qu’à la boucler ».

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Juste Mensuel

Cet article est issu du numéro de mars de Juste Mensuel.

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Dom
Dom
1 année il y a

Article très bien vu !

Richard
Richard
1 année il y a

Très bon parallèle Ce qui vaut pour l’agro-alimentaire se retrouve également dans l’industrie pharmaco-chimique. Les lobbies procèdent avec les mêmes méthodes, industrie du sucre du tabac (reportage sur arte il y a plusieurs années) etc… ils passent par le sanitaiire pour véhiculer une image positive, ils financent également leurs propres équipes de scientifiques pour évaluer leurs produits (donc sans aucune neutralité) ils investissent dans campagnes agressives de communication, en faisant intervenir des pseudos experts ou médecins. Ils utilise des termes qui font novateur, progressistes pour survendre un produit dont les qualités, leur performance sont bien en deçà de la promesse annoncée.

Richard
Richard
1 année il y a

Très bon parallèle Ce qui vaut pour l’agro-alimentaire, se retrouve également dans l’industrie pharmaco-chimique. Les lobbies procèdent avec les mêmes méthodes, industrie du sucre du tabac (reportage sur arte il y a plusieurs années) etc… ils passent par le sanitaire pour véhiculer une image positive, ils financent également leurs propres équipes de scientifiques pour évaluer leurs produits (donc sans aucune neutralité, ou objectivité) ils investissent dans des campagnes agressives de communication, en faisant intervenir des pseudos experts ou médecins. Ils utilisent des termes qui font novateurs, progressistes pour survendre un produit dont les qualités, les performances sont souvent en réalité, bien en deçà de la promesse annoncée. Et enfin ils n’hésitent pas à influer sur la législation pour instaurer des normes à leur avantage, quand ils ne contournent pas celles déjà existantes, en trompant le consommateur sur la composition ou en usurpant un label de qualité.

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