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Mbappé : les dessous de son droit à l’image

Après avoir manqué une opération marketing pour un partenaire de l’équipe de France, Kylian Mbappé souhaite revoir les termes de la convention de droit à l’image.
Kylian Mbappé

Crédits photo : F. Faugère / L'Équipe

Suite au brouhaha médiatique autour du refus de Kylian Mbappé de participer à une opération commerciale avec les partenaires de l’équipe de France, on en sait plus sur les obligations des joueurs.

Et c’est pas joli-joli

Que renferme cette mystérieuse “convention” qui est au centre de toutes les attentions ?

99 ans d’exploitation ?

Lors de leur toute première sélection, les nouvelles recrues de l’équipe de France doivent signer un document de 26 pages qui fixe leurs droits et obligations ainsi que les honoraires qu’ils percevront pour l’utilisation de leur image.

C’est dans un article  de L’Equipe du 26 mars que l’on découvre ces obligations diverses et variées (mais parfois surprenantes) :

– « la participation à un entraînement avec des amateurs et/ou personnalités connues du public » ;

– « participer à un dîner ou une soirée avec des partenaires commerciaux » ;

– « passer quelques minutes dans le salon des partenaires commerciaux et plus généralement dans les espaces de relations publiques gérés par la FFF » ;

– « permettre à des partenaires commerciaux de vivre un déplacement au sein du groupe ».

Et ce n’est pas tout !

Il existe aussi des clauses sur l’attitude à adopter envers les médias et les supporters :

– « conserver une attitude correcte et polie » ;

– « n’émettre aucune opinion négative ou critique […] à l’encontre d’un membre de l’équipe de France […] ou de la FFF » ;

– « ne commettre aucun acte pouvant nuire à la réputation de l’équipe de France » ;

– « répondre à toute question de tout média qui lui sera désigné […], participer à toute conférence de presse d’avant ou d’après-match » ;

– « refus absolu de toute forme de dopage ; respect des lois du jeu, de l’arbitre, de l’adversaire ; […] refus de la violence, de toute forme de racisme ou de discrimination, de la tricherie ».

Et pour couronner le tout, l’image des athlètes peut être utilisée 5 ans après l’arrêt de l’activité du joueur et… 

99 ans après la signature de cette convention pour une œuvre qui retrace l’histoire de l’EDF !

Le combat personnel de Kylian Mbappé

Kylian Mbappé et son entourage ont soulevé plusieurs points dans cette convention créée en 2010 suite au scandale de Knysna. 

L’avocate du joueur de Bondy, Delphine Verheyden, a pris la parole dans L’Equipe du 28 mars pour expliquer les raisons de l’absence de Mbappé à la dernière opération marketing de l’équipe de France.

Premier point bloquant : la durée du contrat.

En effet, dans l’exemple de Kylian Mbappé, le contrat s’étend de 18 ans à 40 ans environ (comprenant les 5 années post-carrière). Personne ne s’engage aussi longtemps pour quoique ce soit !

Second point : perte de la notion d’image collective.

Alors que la convention stipule que le joueur concède « à la FFF son droit à l’image qui sera exploité par la FFF dans le cadre de l’image collective de l’équipe de France », l’avocate souligne que « la Fédération n’a eu de cesse d’assouplir la définition de l’image collective […] pour pouvoir ainsi de plus en plus céder en réalité des droits sur l’image des joueurs pris individuellement »

Troisième point : le manque de transparence.

Les joueurs ont pour obligation de participer à toutes les opérations marketing, sans connaître, en début d’année, le champ des possibles.

Certaines marques portent des valeurs qui ne sont pas en accord avec celles du sportif, ce qui peut nuire considérablement à leur image… 

… et semer la zizanie !

Prenons un exemple concret.

Aujourd’hui, Alibaba est un partenaire de l’équipe de France. 

Petit rappel, Aliexpress est une filiale du groupe chinois. 

Ce géant du commerce en ligne fait l’objet de vives critiques liées à la vente de contrefaçons et aux conditions de travail de ses employés comme en témoignent ces articles de The Guardian ou Ouest-France.

Et pourtant les Bleus sont obligés d’associer leur image à celle d’Alibaba via la FFF.

Imaginons que Kylian Mbappé veuille, de son côté, soutenir une association défendant les droits de l’Homme…

… vous comprenez le problème ?

C’est pourquoi, Maître Verheyden ajoute : « Ils doivent avoir la possibilité d’avoir une sorte de clause de conscience », « Il n’est plus possible pour la FFF de fonctionner avec cette convention initiale sans en parler aux joueurs à chaque début de saison ».

22 000 euros par match !

Cette convention prévoit également des primes, pour l’exploitation de l’image de chaque joueur, primes s’élevant à 22 000 euros par match.

C’est pourquoi cela nous amène au problème central : est-ce que cette “convention” n’est-elle pas un moyen pour la FFF de générer des revenus à l’insu des joueurs ?

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