Draw My Economy : « L’escroc ukrainien qui a fait vaciller la République »
Imaginez, vous êtes ministre. Et, vous avez un ami. Il est ukrainien et plutôt sympa, mais il a la fâcheuse tendance d’être un escroc. Au début, ça n’engage que lui, mais petit à petit, il vous entraîne dans ses affaires. Et très rapidement, vous vous retrouvez à être tout autant escroc qu’il ne l’est. Et un jour, manque de pot… votre ami commet LA bêtise de trop : il se retrouve affiché au grand jour. Mais pas que ! Tous ses associés tombent les uns après les autres et sont inculpés. Vous pouvez être le prochain sur la liste. Et pour empirer le tout, l’opinion publique est contre vous et la République oscille. Rien que ça !
Que faites-vous ? Vous rendez-vous à la police afin d’être traduit devant la justice pour vos crimes ? Ou payez-vous des flics véreux pour tuer votre “ami”, en espérant que ça suffira à étouffer l’affaire ? Cette seconde option est le choix qu’ont fait des politiciens français. Mais alors, pourquoi étaient-ils dans cette mauvaise posture, et qui était ce fameux ami ?
C’est l’histoire incroyable que vous allez découvrir aujourd’hui !
Bien sûr, toute ressemblance avec des personnes ou des faits actuels est totalement involontaire…
Le « Beau Sacha »
Alexandre Stavisky, né le 20 novembre 1886 est ukrainien naturalisé français. Lorsqu’il se fait arrêter en 1926 pour malversation financière, il n’en est pas à son premier tour. Son passé judiciaire est qualifié le 29 juillet 1926, par Le Matin, comme étant “des plus mouvementés”. Pourtant, il arrive toujours à échapper aux conséquences de ses actes grâce à différents non-lieux.
Mais quels sont les antécédents judiciaires de cet homme ? En 1916, il est condamné par la cour de Paris pour blanc-seing (l’apposition de signatures pré-remplissage du document). Deux ans plus tard, en 1918, il est condamné pour abus de confiance par la même cour. À partir de 1920, il prend part à diverses escroqueries, telles que l’utilisation de faux chèques ou des opérations bancaires frauduleuses. En 1925, il est mêlé à une affaire de chèques sans provision. Le 26 juillet de l’année suivante, il est arrêté pour de nouvelles escroqueries mais remis en liberté provisoire en 1928. Et, de 1928 à sa mort, son affaire n’a fait que rester en instance.
À peine sorti de prison, en 1928, Stavisky se lance dans une nouvelle affaire : le commerce de bijoux. En même temps, il se représente au Crédit municipal d’Orléans. Il s’associe alors au directeur pour escroquer le Crédit municipal : Stavisky présente des bijoux, les fait expertiser puis les échange contre des copies au moment de les mettre dans le coffre. Il repart avec une véritable fortune : 65 millions amassés en 4 ans. Pour donner cet argent, le Crédit municipal l’emprunte à des banques, des assureurs, des notaires, des particuliers…
Physiquement,
pour matérialiser l’emprunt, il émet alors un bon en papier. Cependant, cette affaire attire l’attention car les montants en jeu sont importants. En 1931, un contrôle des finances est prévu et Stavisky doit tout rembourser car si le directeur doit présenter les garanties à l’expertise, on verra rapidement que ce sont des fausses pierres. Stavisky rembourse en escroquant d’autres personnes.