Nicolas Vidal : « Français, qu’attendez-vous ? »
C’est une question insidieuse, obsédante, presque toxique car elle n’offre aucune réponse fiable et aucun élément de réponse tangible. Elle n’est que la promesse de supputations et d’espoirs fous, déjà bien entamée par presque 6 ans de mobilisations populaires et sociales, qui n’ont reçu comme seule réponse qu’une répression violente et brutale sans précédent au cours de notre Histoire contemporaine.
Comment pouvions-nous penser collectivement qu’une contestation populaire de cette ampleur, enracinée dans un temps long, comme l’a été le mouvement des Gilets jaunes, ait pu être réprimée de cette façon ? Comment peut-on encore aujourd’hui parler spontanément de démocratie et du droit constitutionnel à manifester et à contester la politique d’un gouvernement quel qu’il soit ?
Pourtant les condamnations d’instances internationales n’ont pas manqué dans la férocité du maintien de l’ordre notamment lors des manifestations contre la réforme des retraites cette année. Mais rien n’y a fait. Emmanuel Macron a continué d’accentuer la répression pour imposer une politique rejetée par une très grande majorité de Français à coups de 49-3, arme constitutionnelle dévoyée soutenue par une partie de la classe politique, sous un concert de louanges de la presse mainstream.
La célébration médiatique du Mozart de la finance n’avait plus de limite alors que les esprits un peu perspicaces et les ventres vides comprenaient que la France était chevauchée par le Beethoven de la dette et que, dans son art, il excellait comme aucun, frappant de sa cravache un cheval épuisé et squelettique.
Aujourd’hui la situation économique de la France n’a plus rien à voir avec celle de 2018 lorsque les Gilets jaunes sont sortis massivement pour s’insurger contre le prix des carburants, à l’aube d’une taxe carbone inique qui donnait, a posteriori, bien des éléments sur ce qui nous attendaient. Le prix des carburants, oui mais pas que… Ce qui a émergé de cette contestation populaire, c’est la prise de conscience d’un déclassement social et économique qui s’accélérait pour des millions de Français prenant la mesure de leur condition nouvelle : ils étaient ni plus ni moins que les cocus de la mondialisation, alors vendue comme un progrès par des élites enthousiastes et fourbes.
Leur avenir individuel s’assombrissait et la promesse républicaine de pouvoir s’en sortir s’amenuisait à la même vitesse que l’économie supplantait le politique. Des millions de Français se rendaient compte qu’Emmanuel Macron venait de les jeter dans les fosses de la dépossession.