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USA, esclavagisme, panafricanisme : le VRAI du FAUX (avec Amouna Ngouonimba)

Juste Milieu vous propose de découvrir son entretien exclusif avec Amouna Ngouonimba sur le panafricanisme !

Et si on changeait de lunettes sur le panafricanisme ? 

Un article du Monde diplomatique définit ce terme, expliquant que le panafricanisme tend “à unir les Africains et les descendants d’Africains hors d’Afrique dans un même sentiment de fierté pour le passé et les valeurs africaines”.

Aujourd’hui, cette notion est largement reprise. 

Rien de péjoratif ni même de négatif sur le papier

Mais ne peut-on pas aller plus loin, voire remettre en question cette définition ?

C’est ce que tente de faire Amouna Ngouonimba

Auteur de plusieurs ouvrages comme Les noirs. Au cœur d’une institution millénaire eurasiatique, il vient de publier Le Panafricanisme, un véritable danger pour l’Afrique

Vous l’aurez compris au titre de son dernier livre : Amouna Ngouonimba n’est pas un grand amoureux de cette notion. 

Mais comment l’expliquer ? 

Quelle définition apporte-t-il à ce terme et quelles dérives y perçoit-il

Pour le savoir, découvrez la nouvelle vidéo de Juste Milieu : “USA, esclavagisme, panafricanisme : le VRAI du FAUX (avec Amouna Ngouonimba)”.

Alors, qu’en pensez-vous ?

N’hésitez pas à donner votre avis !

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Assurancetourix (le grand barde !)
Assurancetourix (le grand barde !)
1 mois il y a

Je suis bien déçu par votre vidéo sur le panafricanisme. J’avoue avoir abanfonné au bout de dix ou quinze minutes, car sur ce que j’ai entendu il est exclu qu’on tire une vue d’ensemble pertinente.

J’ai déjà remarqué chez tous ceux qui critiquent le système politique en place dans les pays de l’ancien bloc capitaliste une tendance à gober massivement, par exemple, les bobards staliniens, sous prétexte qu’ils sont promus par un ennemi de l’O.T.A.N. et de l’U.E. (les ennemis de nos ennemis… sont des arracheurs de dents comme les autres).

Premier point évoqué : le mot Afrique est d’origine et de sens inconnu. Certes, mais c’est le cas des noms des trois continents de l’Ancien Monde, on ne connaît ni le sens ni l’origine des noms Asie et Europe ; en fait l’étymologie première d’à peu près chaque mot de chaque langue nous échappe. Le mot Afrique a un sens actuel ; disons que sur cette base j’avais bon espoir, me disant que la conception arbitraire de l’Afrique en serait critiquée.

L’Afrique est trois fois vaste comme l’Europe, et par sa superficie (les ⅔ de celle de l’Asie) vient en second.

Divisée par des déserts qui sont des obstacles plus redoutables que les mers, s’étendant fortement du nord au sud et partagée par l’équateur, elle offre une variété certaine de climats, et pour ce qui est des paysages, de la végétation, de la faune et des cultures, elle est sans commune mesure plus diverse que ce que nous connaissons en Europe (même en allant de l’Andalousie au Spitzberg). Rappeler combien est artificielle et extérieure à toute tradition « africaine » cette réunion d’éléments variés aurait été un excellent départ.

Mais ce n’est pas vraiment cette direction que prend l’exposé de votre invité. Il choisit de remplacer « Afrique » par « Pays bantou » (au singulier, je crois, en plus). Déjà ce mot exclut tout le Nord du continent, Égypte et pays arabes ou berbères arabisés (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie).

Même en définissant ainsi une identité qui s’arrêtera au Sahara au nord, le mot bantou exclut encore au sud les langues nilotiques, et les langues à clics : les Soudanais, les Hottentots, ne comptent-ils pas ? Nelson Mandela se retrouverait ainsi exclu de cette nouvelle entité ?

Ensuite on découvre une critique de la socité eurasienne (en fait apparemment indo-européenne) à partir de la Rigsthoula. Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rígsþula

« La Rígsþula ou Rígsthula (Chant de Rígr en vieil islandais) est un poème de l’Edda poétique, recueil de poèmes de la mythologie nordique. Il présente un dénommé Ríg (ou Rígr), qui n’est autre que le dieu Heimdall, en père de l’humanité. Dans le poème, il passe une nuit dans trois foyers différents et engendre avec chaque femme les trois grandes classes (ou races) d’hommes ; esclaves, paysans libres et nobles, rapportant ainsi ce poème à une division tripartite de la société[1],[2]. Le fond authentique nordique du poème est contesté par des spécialistes qui y voient notamment des influences extérieures, toutefois la notion de Destin, son caractère sacré, et le fait qu’il s’intéressera de manière préférentielle à une dynastie, lignée ou famille particulière n’est pas étrangère aux textes mythologiques et sagas nordiques[3] et constitue même parfois le thème central de l’histoire, ce à quoi tous les héros se soumettent (l’exemple le plus célèbre étant la Völsunga saga)[4].

Le poème est composé d’une courte introduction en prose et 48 strophes, mais il manque la fin qui ne nous a pas été préservée. Il nous est parvenu incomplet dans la dernière page conservée du Codex Wormianus, après l’Edda de Snorri. Le poème semble ancien et pourrait dater d’avant l’an 1000, mais le seul manuscrit dans lequel il est préservé date d’environ 1350[1],[5]. Toutefois la majorité des spécialistes situent la composition du poème entre le x^e siècle et le xiii^e siècle, d’un auteur sans doute islandais [6]. »

Autrement dit ce poème est tardif et comporterait des éléments extérieurs, seule la question du Destin étant incontestablement originelle.

Il est vrai que votre invité nous explique qu’il y aurait aussi des traditions celtiques, et la société de castes en Inde.

On confond tout sur cette voie-là.

La première civilisation indo-européenne connue est celle des Hittites ; malgré sa structure hiérarchique et militaire forte (où il n’y a pas de théocratie cléricale), elle ne comporte pas de notion sociale originale qu’on pourrait rapporter à la Rigsthoula par rapport aux civilsations antérieures ou non-indo-européennes.

On a ensuite le monde sanskrit. Les premiers Indo-Européens en Inde nous donnent des peuples qui les précédèrent l’image d’hommes à la peau noire et au nez court ; on peut remarquer aussi que le mot caste est portugais et date de la Renaissance (il s’appliquait à l’organisation sociale d’un peuple originaire du Proche-Orient). Il paraît que le mot sanskrit serait varna, voulant dire couleur. Ici, la thèse de votre invité paraîtrait d’abord juste, mais le système des castes en Inde distingue les brahmanes (disons les prêtres), les kśatriyas (guerriers, donc nobles), les producteurs (caste des vaiçyas et, en-dessous, caste des choudras). Enfin les hors-castes (réunis sous le nom de parias en Occident, du nom d’un de leurs groupes). Pas d’esclaves. Et on peut être « paria » et très riche, comme on peut être brahmane et mendiant.

En Gaulle, on sait qu’il n’y avait pas de vraie caste. Par exemple César nous explique que son principal allié Éduen était un druide dont il fit exécuter le frère, noble, qui s’opposait à la présence romaine (César perdit ainsi un précieux soutien). On voit aussi des gens du peuple devenir druides (échappant ainsi au service militaire et autres obligations). Et, si César nous décrivit l’aliénation du prolétariat dans des termes la rendant voisine de l’esclavage, on voit pourtant que c’est contre les notables et leur vergobret (à peu près l’équivalent du consul à Rome, plus l’avantage d’être seul) que le peuple cherchait l’appui du roi (rex en latin, rix en gaulois, d’où des noms en -rix chez maints nobles ; les noms en -os, équivalents aux noms latins en -us, étaient plus courants) : les nobles, ou au moins leur chef, et les prolétaires unis contre la bourgeoisie, comme à Rome (César était un particien, donc un aristocrate, d’une lignée à prétentions royales, et chef du parti populaire ; Cicéron, un des chefs du parti républicain, était un « homo novus », donc le premier « gnobilis / nobilis » de sa lignée, et si ce mot a donné noble en français en fait il désignait la bourgeoisie enrichie ; Crassus, allié de César, bourgeois enrichi et « homo novus » lui aussi, était l’équivalent d’un milliardaire populiste aujourd’hui, un Trump ou plutôt un Berlusconi). De plus, malgré la perte de droits de la plèbe (au profit des bourgeois, et contre l’aristocratie), la condition de cette plèbe était sans commune mesure avec celle des esclaves, à tous points de vue.

Dès lors, la réunion de tout cela sous un même critère de « tradition eurasienne » est doublement erronée : parce qu’elle supposerait une prépondérance des clercs, qui politiquement n’exista jamais ; parce qu’elle confond la distinction triple de l’Islande médiévale (prêtres / hommes libres portant les armes / esclaves) et la distinction entre prêtres hors catégorie / bourgeois / aristocrates déclassés et plèbéiens des sociétés celtes et romaine (où l’esclave est un néant social).

On en vient ensuite au tiers état et au tiers-monde : l’expression tiers-monde a été forgée d’ailleurs sur le modèle de tiers état par un marxiste et dans un sens idéologique précis. Elle est une lecture, une interprétation, pas un fait. Le Japon n’est un pays du tiers-monde : il est occupé et surveillé. L’Inde fut considérée comme un des principaux pays du tiers-monde pendant des décennies : elle était souveraine et avait l’arme atomique.

Rappelons aussi que le tiers état était majoritairement royaliste en 1789 : c’étaient des riches (bourgeois, minoritaires dans le tiers état, et certains aristocrates) qui étaient républicains, ainsi que certains clercs par les idées qu’ils adoptaient. La foule alla chercher à Versailles en 1789 « le boulanger, la boulangère et le petit mitron », espérant l’appui du roi contre le libéralisme.

On voit que ces notions acceptées impliquent l’acceptaion des mythes fondateurs du système en place chez nous. Rien à en attendre.

Surtout on subodore qu’il va s’agir de distinguer entre d’une part une structure hiérarchisée reposant sur l’esclavage des foules, système qui viendrait de l’ « Eurasie » (et serait apparemment exclusivement indo-européen / européen), un péché originel responsable des maux actuels, et d’autre part un système ignorant ou atténuant les inégalités et « anté-eurasien », donc une Afrique (ou « Pays bantou ») immaculée et édéniquement préservée de ce péché d’ « Eurasiens » ou d’Européens, lesquels par leur mépris de la couleur noire auraient développé je suppose racisme et esclavagisme (je suppose : je n’ai pas dû dépasser la quinzième minute, si je l’ai atteinte).

De qui se moque-t-on ? À Rome aucune honte n’était attachée à la peau noire, qui étonnait plutôt, tandis que dans l’Égypte des pharaons les Noirs étrangers à l’Égypte étaient dessinés avec des traits grimaçants et menaçants.

Où a-t-on vu que les sociétés européennes ou indo-européennes, ou « eurasiennes », auraient été seules hiérarchisées ? Qu’on prenne les civilsations chinoise, japonaise, assyrienne, babylonienne, égyptienne antique, les États musulmans (empire ottoman, Égypte des mamelouks, États barbaresques), les États d’Amérique précolombienne (Mayas, Aztèques, Incas), les peuples tribaux (des Sioux aux Zoulous, des Tupi-Guaranis aux Aborigènes) et qu’on ose dire qu’ils étaient moins inégalitaires et, tous, moins esclavagistes que les peuples Indo-Eurpéens.

Je suis désolé du panafricanisme comme du paneuropéisme, et pour les mêmes raisons : ils aplatissent les différences nationales et sont moins des résistances durables à la mondialisation que des étapes préalables à celle-ci.

Qu’on mythifie une lecture néo-marxiste des rapports entre l’ « Occident » et le « tiers-monde » pour, apparemment, se diriger vers une lecture où le noir et le blanc sont simplement inversés dans leur signification symbolique, ce n’est qu’une autre manière de favoriser les mythes fondateurs de notre « société ouverte ».

Je vous conseille vivement la lecture d’un livre de Jean Cazeneuve : Des métiers pour un sociologue (1978).

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