SIG, Talk-Walker et Visibrain : la surveillance des réseaux sociaux vendue au Canada

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Depuis plusieurs années, la France prend un malin plaisir à céder certains fleurons de son industrie à des entreprises étrangères.
Évidemment, les exemples d’Alstom et d’Atos viennent rapidement en tête.
Mais d’autres exemples, plus discrets, peuvent facilement être cités, comme le cas de Place.
Pour rappel, il s’agissait d’une plateforme de centralisation des appels d’offres publics.
Et elle a été vendue en novembre 2024 au groupe canadien CGI.
Apparemment, le Canada a le vent en poupe…
… car dans son édition du 16 juillet 2025, Le Canard enchaîné a parlé du nouveau deal passé entre Matignon et l’entreprise Hootsuite !
L’e-surveillance française sous pavillon canadien ?
Depuis 2017, la surveillance des réseaux sociaux (ou e-surveillance) était assurée par Visibrain.
C’est une entreprise française fondée en 2010 qui a connu un joli succès et qui “est aujourd’hui utilisée par des grands groupes, des agences de communication et par l’ensemble des ministères”.
Cette belle fierté française pourrait bientôt perdre gros.
En effet, d’après Le Palmipède, Matignon aurait décidé “de déléguer à un étranger la surveillance des réseaux sociaux ces quatre prochaines années”.
Le grand gagnant de ce deal ?
“Le logiciel Talk-Walker, de la société canadienne Hootsuite, détenue par des fonds américains”.
Une négociation des plus douteuses
Les accords entre le Service d’information du gouvernement (SIG), dépendant de Matignon, et Hootsuite, sont extrêmement étonnants.
D’après Le Canard enchaîné, Visibrain avait été suspecté en 2024 d’émettre “une offre anormalement basse”.
À l’époque, l’entreprise française affichait un budget de 2,317 millions d’euros.
Pourtant, le SIG a accepté l’offre de Hootsuite pour seulement 446 000 euros sur quatre ans !
L’entreprise canadienne a expliqué qu’elle pouvait “garantir un service de haute qualité tout en maintenant une gestion financière saine”.
Mais forcément, cette décision fait déjà grincer des dents du côté de la France.
En effet, “en vertu du Cloud Act, toute firme américaine est sommée de transmettre ses données aux autorités US”.
Hootsuite a rétorqué qu’elle n’était pas soumise à cette loi.
Pourtant ses fonds américains ont de quoi nous obliger à nous poser tout de même la question…