Politique française, ce cinéma !
Extrait de l’article Politique française, ce cinéma ! de Loïc Besnier paru dans le Juste Mensuel n°5 (Avril 2022)
Ce mois d’avril 2022 étant le théâtre de la douzième élection présidentielle de la cinquième République française, la rubrique Fiction(s) de Juste Mensuel s’adapte au contexte pour vous proposer quelques œuvres cinématographiques mettant en scène le monde politique français et ses rouages. Tout comme la politique, le cinéma est un art de la mise en scène et du faire semblant. À l’heure du drame de la guerre en Ukraine, la France est plus que jamais plongée dans cette mise en scène politique, où un chef d’État semble envisager sa fonction comme un jeu de rôle, n’hésitant pas à se faire photographier « sur le vif » au sortir d’une courte nuit, vêtu d’un pull à capuche d’un régiment de parachutistes. Cette mise en scène de la fonction de président de la République n’est pas nouvelle mais semble plus que jamais faire partie intégrante des prérogatives de nos personnalités politiques.
À travers cet article, il s’agira de proposer quelques films mettant en scène le monde politique français et d’observer la manière dont ils en rendent compte. Certains films n’ont pas besoin des bureaux de la Maison Blanche pour être de grandes œuvres politiques, pour être des films qui portent en leur essence un message politique ou qui rendent compte d’une époque. On pense notamment aux films de Jean-Luc Godard ou de Pier Paolo Pasolini par exemple.
Les films que nous évoquerons dans les pages suivantes pourront éventuellement porter certains messages mais sont avant tout sélectionnés pour leur volonté de présenter le décorum et les arcanes du monde politique français. Le début des années 2010 aura été fertile en la matière. J’ai ainsi choisi une poignée de films sortis au cours de cette période afin de pouvoir comparer la façon dont ils rendent compte du monde politique. Et si comparaison n’est pas raison, il sera néanmoins intéressant d’observer ces tentatives plus ou moins fructueuses de mettre la politique à portée de spectateur.
La conquête (2011) et Quai d’Orsay (2013) : le difficile jeu de l’imitation
La conquête (2011) de Xavier Durringer narre l’ascension de Nicolas Sarkozy, de sa nomination au ministère de l’Intérieur par Jacques Chirac, à son élection à la présidence de la République en 2007. J’ai longtemps hésité avant d’intégrer ce film à cet article dans la mesure où, cinématographiquement parlant, le film n’est pas réussi. Le principal problème émane du choix d’incarner au plus proche du réel les acteurs de cette conquête. Il en résulte un exercice d’imitation parfois drôle, souvent pénible, et une succession de joutes verbales entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, etc., le tout entrecoupé du drame intime que se veut être la séparation entre Nicolas Sarkozy et sa femme Cécilia, flirtant parfois dangereusement avec le ridicule et l’emphase. « Tu pars sur un coup de tête ! » assène le futur président à son épouse, « Non, je pars sur un coup de cœur ! » lui répond-elle dans une scène de dispute dispensable. La conquête semble se rêver en grand biopic politique mais il n’en est finalement rien.
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Cet article est issu du numéro d’avril de Juste Mensuel.
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