L’effet papillon dans le journalisme, une réalité peu considérée
À quoi tient une vie ? Bien souvent à une décision, un mot ou un silence, un geste parfois. Ou plutôt à leur interprétation. On peut vivre des malentendus positifs ou négatifs. C’est le cas, parfois, dans les relations amoureuses. Nos biais cognitifs peuvent aussi nous jouer des tours dans le tri des informations, comme l’affirment régulièrement les chasseurs de complotistes. Cas plus rare : il se passe parfois des choses inimaginables ou inattendues après avoir interprété ces moments, pris ces décisions, dit ce mot, fait ce geste. Tous ces moments, c’est aussi le quotidien d’un journaliste.
En d’autres mots, il se peut qu’un journaliste soit responsable d’un « effet papillon », consciemment ou inconsciemment. Pour ceux qui ne connaissent pas cette expression, il s’agit, d’après le site L’Internaute, « d’une chaîne d’événements qui se suivent les uns les autres et dont le précédent influe sur le suivant. Ainsi, on part d’un événement insignifiant au début de la chaîne pour arriver à une chose catastrophique (ou du moins très différente de la première) à la fin ». En ce sens, il est possible qu’un article de presse écrite, une chronique radio ou une émission de télé aient des conséquences permettant de faire basculer, positivement ou non, la vie d’une personne ou d’un groupe d’individus. On peut imaginer, par exemple, qu’un tueur en série se soit inspiré d’une enquête journalistique ou d’une chronique de faits divers pour commettre l’irréparable. Autre hypothèse, plus positive : une usine ouvre dans une ville ravagée par le chômage. Un journal fait un article sur le sujet et indique que de nombreuses embauches vont être effectuées. Des personnes en recherche d’emploi, dans une situation précaire lisent alors l’article et arrivent à se faire engager dans cette entreprise. Dernier exemple : un contenu qui donne envie à un jeune de se tourner vers un métier spécifique et qu’il finisse par s’y plaire. Je vous laisse imaginer plusieurs scénarios possibles sur la base de la définition de l’effet papillon.
Ce qui m’a toujours particulièrement marqué et interrogé, c’est comment le journaliste pouvait sauver ou retirer des vies en informant. J’en ai pris conscience durant mes formations en école de journalisme avant de connaître plusieurs exemples dans ma pratique professionnelle.
Premier exemple : les brèves présentes dans les jours qui regroupent les informations et numéros pratiques. Ce sont par exemple les numéros des médecins, des pharmacies de garde ou des casernes de pompiers que l’on retrouve dans ces colonnes. L’actualisation de ces données est le quotidien de nombreux journalistes stagiaires, dont j’ai fait partie. Si leur rédaction est parfois laborieuse et peu valorisante, ces informations peuvent nous concerner un jour ou l’autre.