Dahmer : voyeurisme ou œuvre artistique ?
Les fans de série n’ont pas pu passer à côté de la série du moment sur Netflix : Dahmer.
Créée par Ryan Murphy, l’homme derrière des séries comme Glee…
… ou, dans le domaine horrifique, la sublime bien qu’inégale American Horror Story, Dahmer revient sur le parcours du tueur en série américain Jeffrey Dahmer, également surnommé “le cannibal de Milwaukee”.
Et disons-le : la série fait débat.
Si la qualité de l’interprétation d’Evan Peter en Jeffrey Dahmer est tout bonnement remarquable (mais cela ne surprendra pas les fans d’AHS), Dahmer oblige à se poser une question.
Les séries sur les tueurs en série entretiennent-elles un certain voyeurisme ?
La fascination pour les tueurs en série n’est pas nouvelle et il n’y a qu’à voir le succès de chaînes YouTube comme celles de Victoria Charlton, Sonia Lwu ou, dans un autre registre, Feldup pour s’en convaincre.
Le tueur en série est à la fois un objet de dégoût et de fascination, tant ses actes sont inhumains et barbares. En voyant cela, il est impossible de rester insensible et une question émerge : comment peut-on en arriver à commettre de telles atrocités ?
Dahmer, bien qu’œuvre de fiction, ramène à une réalité : l’homme a vraiment existé et perpétré ces actes. La série tente de justifier ses actes en nous expliquant un parcours de vie qui l’aurait poussé sur cette voie. La fiction devient alors réalité et elle choque d’autant plus le spectateur.
De plus, le titre même de la série ramène à une réalité : le tueur en série devient le héros, ou l’anti-héros, d’une saga et passe un peu plus à la postérité…
… alors qu’il a fait des victimes qui, elles, tomberont malheureusement dans l’oubli une fois les 10 épisodes écoulés.
Dès lors, il est difficile de ne pas être touché par les témoignages des familles de ces victimes, voyant en Dahmer une deuxième mort de leur frère, de leur fils ou de leur cousin défunt.
Pour autant, après visionnage des premiers épisodes, force est de constater que le spectateur lambda ne peut que s’accrocher à cette série qui tient en haleine grâce à un rythme percutant et, nous l’avons dit, grâce à un jeu d’acteur, en particulier d’Evan Peters, tout bonnement génial.
C’est donc presque avec culpabilité que le spectateur prend un plaisir à peine dissimulé à savourer Dahmer, se convainquant avant tout de voir une œuvre de fiction… parfaitement calibrée.