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Macron veut un « Metaverse européen » : c’est quoi ?

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Crédits photos : Shutterstock

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Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il y a une qualité qu’il faut reconnaître à Emmanuel Macron : son sens de l’incongruité

Qu’il s’agisse d’invoquer Gérard Majax ou d’employer des termes désuets (« ripoliner » ; « perlimpinpin » et j’en passe…), la rhétorique du président est ponctuée d’archaïsmes pensés pour séduire son électorat…

… et en même temps ® sans cesse tournée vers le futur, vers le « monde d’après », comme en témoigne une de ses dernières déclarations :

Emmanuel Macron souhaite créer un « Metaverse européen », c’est-à-dire associer des pays membres de l’UE, voire l’UE dans son ensemble, au développement d’un univers virtuel qui permettra d’accueillir des espaces, événements, activités et commerces privés. 

Sur le moment, je n’ai pas su quoi penser…

– D’un sens, je salue la volonté de développer des filières tech européennes. La dépendance au parc technologique américain est un intolérable renoncement en termes de souveraineté.

– De l’autre, je me méfie toujours des initiatives « européennes » : on parle d’un ensemble institutionnel dont la légitimité démocratique est plus que discutable, et dont l’orientation socio-économique est ultra-intrusive (il n’y a qu’à voir le traitement réservé aux cryptos). Faut-il laisser une structure publique non-élue construire les fondations d’un nouvel univers technologique ? N’y a-t-il pas un risque de dérive autoritaire, comme avec le spectre d’un euro numérique ?

Puis, j’ai compris que je m’étais un peu emballé : comme souvent en politique, les effets d’annonce sont loin de la réalité… 

Ceci n’est pas un Metaverse

Alors oui, parler de « Metaverse européen » quand on est en campagne, ça fait rêver. Mais forcément, derrière, les journalistes posent des questions… 

Et c’est Cédric O, le secrétaire d’État au numérique, qui apporte les précisions : 

« Le projet n’est pas de créer un métaverse public, mais d’appuyer certaines technologies sous-jacentes, à commencer par les moteurs graphiques. Par exemple en créant des concurrents européens aux moteurs américains, les plus utilisés dans l’industrie du jeu vidéo. » 

On passe du Metaverse européen, qui avait le même potentiel « serpent de mer » journalistique que la fameuse Europe de la défense

… à un plan de soutien à l’industrie du jeu vidéo, en somme ! 

Pour rappel, le Metaverse est un univers virtuel interactif dans lequel les utilisateurs pourraient interagir grâce à des avatars et des équipements de réalité virtuelle. C’est comme une version d’Internet en 3D, ultra-immersive, où l’on peut pratiquement tout simuler. 

Ce n’est pas « juste » une histoire de moteurs graphiques. 

Par ailleurs, les Metaverses européens existent déjà : un des écosystèmes les plus avancés et plébiscités, The Sandbox, est… français. 

Comme quoi, quand on veut, on peut n’être pas systématiquement à la bourre. 

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Derrière le marketing, de vrais enjeux de souveraineté

Bon, j’arrête de taquiner le Président réélu. C’est de bonne guerre, mais ça ne doit pas nous déconcentrer des vrais sujets

Le Metaverse émergera d’un ensemble de technologies, du code qui façonne son architecture aux équipements de VR qui permettent d’y accéder. 

Ces technologies, pour l’heure, sont très majoritairement issues de groupes américains. Or, il faudra encourager le développement de filières européennes car les applications publiques et/ou stratégiques du Metaverse sont nombreuses… et pour beaucoup d’entre elles, il serait dommageable de laisser d’autres puissances héberger nos données et avoir plein accès à des informations confidentielles. 

Parmi les applications possibles d’un Metaverse public et/ou européen, voici deux exemples concrets : 

1) le Metaverse industriel : prenez Airbus, par exemple. Fleuron européen de l’aéronautique, avec un siège à Toulouse et des sites en Allemagne, Royaume-Uni, Espagne… 

Pour une entreprise stratégique de cette taille, on peut imaginer la création d’une « usine virtuelle » où se rejoindraient des ingénieurs de tous les pays, des designers, des logisticiens… 

L’idée serait d’organiser des meetings 100 % immersifs et des ateliers de travail où l’on pourrait modéliser en 3D des pièces et tester des idées avec tous les cerveaux de l’entreprise impliqués de la même façon dans un lieu commun. 

Même chose pour la plupart des groupes industriels multinationaux : la conception et la modélisation 3D a beaucoup à gagner dans le développement d’un Metaverse adapté aux besoins des ingénieurs, surtout quand les équipes doivent communiquer à distance.

2) Les villes virtuelles et la gestion publique : la gestion d’une métropole, entre l’urbanisme, la gestion du trafic, les projets d’expansion… n’est pas de tout repos. 

Or, le Metaverse permettrait, alimenté par une bonne IA, de simuler la ville que vous administrez dans un univers 3D virtuel, pour vous permettre de tester et d’itérer le développement de nouveaux quartiers, de nouveaux axes… de sorte à vérifier comment se comporte l’ensemble quand vous changez un ou plusieurs éléments. 

Car c’est l’un des gros avantages du Metavers : devenir un laboratoire du changement où tout est possible, et où vous pouvez tout tester. 

Vous imaginez que d’autres applications plus sensibles peuvent être développées : 

– modélisations de sites nucléaires virtuels ;

– réunions confidentielles à distance, dans un Metaverse ultra-sécurisé ;

– entraînement virtuel des forces d’intervention et des militaires au plus près de la réalité.

Vous comprenez désormais l’intérêt de maîtriser ces technologies à l’échelle nationale (ou européenne). 

Qui est Marc Schneider ?

Marc Schneider est le fondateur d’Argo Éditions, une entreprise d’édition financière et de recherche en investissement. Sa newsletter gratuite réunit chaque semaine plus de 60 000 lecteurs. 

Ancien Risk Manager, Marc aide ses lecteurs à comprendre les rouages de l’investissement en bourse et en cryptomonnaies pour prendre en main leur avenir financier. 

Sa newsletter traite de sujets variés : nouvelles technologies, cryptomonnaies, psychologie de l’investissement ou encore géopolitique… avec un dénominateur commun : comprendre le monde qui nous entoure pour mieux gérer ses finances

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