Nécessaire souveraineté nucléaire
Extrait de l’article Nécessaire souveraineté nucléaire de Georges Kuzmanovic paru dans le Juste Mensuel n°5 (Avril 2022)
La récente augmentation des prix de l’énergie, aggravée par la guerre en Ukraine, met en lumière tous les écueils de la gestion des énergies par un système soi-disant concurrentiel imposé par l’Union européenne. Depuis deux décennies, l’ouverture du secteur à la concurrence a conduit à l’inverse de ce qui avait été promis : augmentation continue des prix, baisse de la qualité du service, insuffisance des investissements et abandon d’une véritable planification. Dans le domaine du nucléaire, l’absence d’une vision de long terme, que seul un grand service public de l’énergie est en mesure de porter et de financer, a fragilisé toute la filière, exposant dangereusement la souveraineté de la France en la matière.
La crise énergétique est devenue un des sujets centraux de la présidentielle, pourtant elle ne s’est imposée que difficilement et au seul forceps de la dure réalité des événements. Nous avions d’un côté des formations politiques (EELV, FI) qui, par idéologie pure, souhaitent sortir totalement du nucléaire, de l’autre côté des formations politiques (LREM, LR, PS) qui ne souhaitent pas voir apparaître au grand jour leur impéritie qui nous a conduits – également par pure idéologie néolibérale et inféodation aux diktats de l’Union européenne – à devoir payer des factures d’énergie très élevées.
Le sujet est devenu essentiel car le prix de l’essence qui dépasse les 2 € et une hausse moyenne de 56 % des factures d’énergie des Français – pour les citoyens, dont 12 millions ne se sont pas chauffés cet hiver, comme pour les entreprises, pour lesquelles hausse des factures d’énergie rime avec dépôt de bilan – représentent une situation intenable. Il faut avoir à l’esprit qu’entre décembre 2020 et décembre 2021 les cours de l’énergie ont augmenté de 862 %, soit une multiplication par neuf ! Le gouvernement avait tenté une manœuvre visant à réduire un peu les nouvelles hausses prévues au début de l’année 2022, les limitant à 4 % supplémentaires… mais à quel prix ? Celui d’une facture supplémentaire de 8 milliards pour EDF (donc pour nos impôts), car la manœuvre s’est avérée une vraie « carabistouille » : il s’est agi de forcer EDF à vendre l’électricité (que cette entreprise est la seule à produire en France) à ses « concurrents » de la distribution d’électricité (qui ne produisent rien) sous le cours du marché, afin que ces distributeurs puissent la revendre aux citoyens au cours du marché plus une marge. C’est la soi-disant concurrence « libre et non faussée ». Et le tout à un tarif faramineux car, dans son immense sagesse et ses lubies néolibérales, la Commission européenne avait imposé que le cours de l’électricité, produite à bon marché par nos centrales nucléaires, soit indexé sur les autres cours des énergies et en particulier le plus coûteux, le gaz – c’était le souhait de l’Allemagne dont l’industrie est très dépendante au gaz et qui ne souhaitait pas que la France dispose d’un avantage en la matière.
Début février, j’avais calculé avec mes équipes que nos factures d’énergie devraient doubler au tournant de l’automne-hiver prochain. C’était avant la guerre en Ukraine qui entraîne une augmentation encore plus importante des cours des hydrocarbures, gaz et pétrole en tête. Maintenant c’est sans limites, compte tenu du fait que l’Union européenne dépend pour 40 % du gaz russe et pour 30 % du pétrole russe.
Il fallait réagir, sinon il aurait pu y avoir un candidat qui parvienne à se présenter sans être approuvé par tous les notables de la politique. Pour éviter cela, le nombre de parrainages passait alors à 500 pour les élections de 1981.
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