La formation, élément central pour comprendre les maux du journalisme
De manière générale, un journaliste doit émettre des doutes sur ce qu’on lui raconte. Il existe cependant deux exceptions face auxquelles il ne faut pas douter : la version officielle des autorités qui ne doit pas être remise en cause car « ils incarnent la vérité », et les questionnements sur le métier et ses pratiques.
Il ne faut pas réfléchir ou s’interroger sur le métier, car « c’est comme ça ». Généralement, pour ne pas dire tout le temps, les journalistes tenant ces propos et suivant ces pratiques sont issus de prestigieuses écoles de journalisme, très réputées auprès des « recruteurs ». Il y a quatorze écoles de journalisme en France, mais deux prédominent sur les autres. L’une est basée en région Rhône-Alpes, l’autre dans les Hauts-de-France, tout en disposant d’une antenne dans le Sud. Les élèves sortant de ces établissements « reconnus » sont généralement interchangeables. Qu’ils soient d’extrême gauche ou d’extrême droite, ils pensent tous la même chose. Ils ont le même physique, la même façon de réfléchir, de s’exprimer et d’investiguer ou de se justifier pour ne pas aller sur les sujets dérangeants.
Revers de la médaille : les interchangeables sont régulièrement interchangés. Aucun de ces clones ne reste très longtemps dans un même média. Soit ils ne tiennent pas le coup, soit ils sont remplacés par plus formatés qu’eux. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Ces écoles formatent plus qu’elles ne forment. Mais le formatage a un défaut qui est aussi un avantage pour le journalisme de qualité : celui de la fuite en avant. Les nouveaux formatés sont encore plus formatés que les précédents. Les journalistes de l’ancienne génération formés sur le terrain partent à la retraite ou sont licenciés. Les rares encore en poste peinent à continuer à faire correctement leur travail comme ils l’ont toujours fait. Pendant ce temps, ces nouveaux profils formatés se chassent mutuellement, pendant que leur titre coule, faute de ventes.
Cette formation journalistique, je suis bien placé pour en parler. J’ai eu l’occasion (et non la chance) de faire deux écoles de journalisme. L’une fait partie des piliers de la formation journalistique en France, mais n’est pas reconnue. L’autre, basée dans un pays francophone et partenaire d’une école française renommée, est reconnue et forme, selon son directeur, « les meilleurs journalistes d’Europe ». Petite précision : je ne m’ancre pas dans cette définition.