Johnny Depp vs. Amber Heard : justice 2.0
Crédits photo : Shutterstock
Le 11 avril 2022, le procès Johnny Depp vs. Amber Heard s’est ouvert à Fairfax. Ils s’accusent mutuellement de violences conjugales et de diffamation, et des millions de personnes ont pu assister au spectacle… en direct !
Les six semaines d’audience ont, en effet, été diffusées en intégralité par des médias spécialisés en retransmission de procès.
Sur YouTube, TikTok, Twitter, les internautes s’écharpent à coup de hashtags. Ils tiennent un procès parallèle dans lequel ils sont à la fois enquêteurs et avocats, juges et bourreaux. Et si le verdict vient juste de tomber à Fairfax, il a déjà été prononcé depuis longtemps sur Internet…
L’affaire, surmédiatisée, passionne les foules depuis 2016. Comme dans un bon film, rebondissements et coups de théâtre se sont succédé.
Le suspens est parfaitement entretenu : qui est le méchant et qui est la victime ?
Cerise sur le gâteau, l’affaire oppose deux acteurs. De quoi gagner un temps fou : pas besoin de tourner, dans quelques années, un biopic…
Les protagonistes peuvent jouer leur propre rôle, et ce, dès aujourd’hui. Les médias auraient donc tort de ne pas profiter de cette aubaine !
Toutefois, ils n’ont pas l’entière responsabilité de la mise en scène de cette affaire… car c’est la Juge du procès qui a autorisé la diffusion en direct des audiences. C’est d’ailleurs la Cour de Justice elle-même qui fournit les images. En effet, il est interdit au public de filmer ou enregistrer dans la salle d’audience, et ce même pour les « représentants des médias ». A noter, cependant, que les deux parties auraient pu refuser, ce qu’elles n’ont pas fait.
Que signifient la couverture médiatique et l’engouement autour de cette affaire ? Est-ce simplement de la curiosité morbide ? Ou assiste-t-on à une confusion entre fiction et réalité ?
La dernière possibilité serait la plus grave. Le risque, alors, serait de déshumaniser Johnny Depp et Amber Heard pour les reléguer au rang de simples personnages d’un drame passionnant. La légitimité de la Justice, du même coup, prendrait un coup dans l’aile. Car il est toujours possible de faire un reboot si la fin ne convient pas, n’est-ce pas ?
