Cessons l’instrumentalisation des gardiens de la paix à des fins politiques
Extrait de l’article Cessons l’instrumentalisation des gardiens de la paix à des fins politiques d’Alexandre Langlois paru dans le Juste Mensuel n°1 (novembre 2021)
Philippe Poutou déclarait le 13 octobre 2021 sur France Inter : « La police tue, évidemment la police tue ». Et il a raison, la police tue.
Comment ne pas penser à ces innocents comme Madame Zineb Redouane, Monsieur Steve Caniço ou Monsieur Cédric Chouviat. Les enquêtes pour trouver les responsables de ces morts ont été confiées à l’Inspection générale de la police nationale, la fameuse IGPN. Oui, la police enquête sur elle-même, avec un service dont la personne dirigeante est directement nommée par le pouvoir politique. Une exception française parmi les démocraties européennes, qui sont généralement dotées d’un contrôle indépendant, pour des raisons évidentes rappelées dans les commentaires de l’Article 61 du Code européen d’éthique de la police, adopté par le comité des ministres du Conseil de l’Europe où siège le ministre de l’Intérieur français :
« Les plaintes visant la police doivent faire l’objet d’une enquête impartiale. « La police enquêtant sur la police » est une opération qui suscite généralement des doutes quant à son impartialité. L’État doit donc mettre en place des systèmes qui soient non seulement impartiaux, mais le soient aussi de manière visible, de manière à gagner la confiance du public. »
À l’inverse, depuis qu’Emmanuel Macron a été élu, il a fait le choix de rajouter une couche d’opacité sur l’action de la police en publiant tous les ans un rapport de l’IGPN indiquant le nombre de personnes tuées par la police. Comment est-ce possible de rendre plus opaque le nombre de morts en les publiant ? Tout simplement en agrégeant dans un même chiffre la mort de Monsieur Cédric Chouviat et du terroriste qui a abattu le professeur Samuel Paty. Plutôt que la pédagogie, le gouvernement d’Emmanuel Macron a choisi d’alimenter les controverses des personnes voulant justifier que la « police tue ». Par cet habile tour de prestidigitation, le gouvernement peut aussi dire que la « police tue » pour sauver des vies. Enfin, ce rapport ne compte pas les premières victimes de l’institution policière, les policiers eux-mêmes dont un chaque semaine, en moyenne, se suicide, poussé structurellement au désespoir par l’administration, comme l’avait avoué le directeur général de la Police nationale, Monsieur Éric Morvan, lors de son passage sur le plateau d’Envoyé spécial sur France 2, le 6 juin 2019.
Est-ce que le gouvernement à décider de donner une réponse politique à la provocation de Philippe Poutou ? Non, il a répondu, une fois de plus par la violence légale, par la voix du ministre de l’Intérieur le 14 octobre 2021 :
“Les propos de M. Poutou envers la police sont insultants et indignes d’un élu de la République. Au nom du ministère, et pour défendre l’honneur de tous les policiers, je dépose plainte.”
Oui les propos de Philippe Poutou sont insultants pour les policiers car ils ne sont pas ciblés contre ceux commettant des délits, voir des crimes, mais font un amalgame dangereux avec tous les policiers par idéologie. Il aurait donc été simple de le mettre en porte-à-faux par un débat apaisé, plutôt que de « jouer les matamores » sans aucune once de subtilité.
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les automobilistes tuent, arrêtons les automobiles… quand on veut être borne-és c’est facile, quand on veut être démocratique c’est plus compliqué.