Raul Magni-Berton : « Que signifierait pour la France d’avoir le Référendum d’initiative citoyenne (RIC) ? »
Par Raul Magni-Berton
Le peu de temps où le référendum d’initiative citoyenne (le « RIC ») a fait l’objet d’un large débat public, l’attention des médias et de nos représentants s’est concentrée sur les effets que le RIC aurait produit sur notre beau pays. Plus ou moins d’influence des lobbyistes ? Plus ou moins de confiance dans le système politique ? Et surtout, plus ou moins de bonnes décisions ? Sur ce dernier point, le consensus de la coalition au pouvoir, avait été parfaitement résumé le 13 février 2019 par le député de l’UDI Michel Zumkeller dans une intervention en commission parlementaire saluée avec force applaudissements par l’ensemble des députés du groupe La République en Marche. Zumkeller disait : « Sincèrement, avec votre RIC, la « loi Veil » aurait-elle été adoptée ? L’abolition de la peine de mort aurait-elle été votée ? Le mariage pour tous aurait-il été instauré ? Non, certainement pas ! ».
Cette unanimité face à ce constat de la part de nos gouvernants révèle trois présupposés qui justifient pleinement l’impopularité chronique de notre classe politique, qui bat des records en Europe occidentale.
Trois présupposés à questionner
Le premier présupposé est que nos députés ne se conçoivent pas comme chargés de représenter les opinions de leurs concitoyens, mais plutôt comme un rempart contre ces opinions. Ils se voient comme l’avant-garde, ceux qui garantissent le progrès de la France. Le mythe de François Mitterrand qui abolit la peine de mort contre l’avis de l’opinion, ou Simone Veil qui fait de même pour légaliser l’avortement, perdure encore aujourd’hui. En dehors du mépris social que cette position révèle, la méfiance affichée envers les opinions des électeurs implique aussi une position anti-démocratique qui, non seulement s’oppose aux référendums, mais forcément voit dans les élections elles-mêmes un danger. En effet, le miracle d’une majorité parlementaire constituée de personnes éclairées et progressistes élues par des électeurs qui sont, pour l’essentiel, des réactionnaires, ne saurait durer pour toujours.
Le deuxième présupposé est que qu’il y a au moins trois sujets – l’avortement, la peine de mort et le mariage pour tous – qui ne méritent aucune discussion. Dans les trois cas, on sait où est le bien et où est le mal. Ainsi, si les citoyens votent différemment que leurs élus, c’est qu’ils ont certainement tort. Pourtant, les Français et Françaises qui ont la cinquantaine aujourd’hui ont tous vécu dans un pays sans avortement, avec la peine de mort et sans mariage pour tous. On ne parle donc pas de la déclaration des droits de l’Homme : on parle de choix récents qui, partout, ont fait débat. Mais dans notre arène parlementaire, ces choix se sont manifestement transformés en dogmes que notre majorité de fanatiques utilise pour discréditer la moralité des gens qui les ont élus.