Biochar : la technologie miracle face au réchauffement climatique ?
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C’est une innovation décrite par le GIEC comme un des fers de lance de la croisade anti-réchauffement.
Son petit nom ?
Le biochar.
« Cramer » du bois pour faire de l’hydrogène
Le biochar, c’est tout bêtement du charbon.
Un charbon qu’on obtient à partir de la biomasse : déchets organiques, bois, pailles, écorces, résidus de cultures sèches, etc. qu’on chauffe à plus de 500 degrés dans une chambre sans oxygène, pour éviter leur combustion.
Ce procédé s’appelle la pyrolyse.
Pendant la pyrolyse, la biomasse se sépare en deux flux : un flux solide, sous forme de petits morceaux de charbon – c’est le biochar – et un flux gazeux, composé entre autres de méthane et d’hydrogène.
On récupère le biochar, qui est pratiquement du carbone pur, pour un usage agricole dont je vous reparle juste après.
Les gaz, quant à eux, peuvent être immédiatement réutilisés pour :
1 – alimenter la pyrolyse et rendre le système autonome en énergie ;
2 – produire de l’hydrogène industriel en traitant les gaz issus de la biomasse avec de la vapeur d’eau
Ainsi, la biomasse consommée permet de produire une énergie propre, de l’hydrogène ultra-pur, qui peut remplacer le gaz naturel ou le pétrole dans de nombreuses applications industrielles.
Quand vous observez le contexte géopolitique et la flambée des prix de l’énergie, vous comprenez que ça n’est pas juste une énergie verte…
C’est une planche de salut qu’il faut développer coûte que coûte.
Mais ça n’est pas tout – et c’est là que le système révèle toute sa beauté.
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Une technologie avec une empreinte carbone négative
Produire de l’hydrogène à partir de biomasse, ça n’est pas vraiment nouveau.
À mesure que la technologie se raffine, on le fait toujours mieux, pour moins cher, et on produit davantage d’hydrogène avec moins de biomasse.
C’est très bien.
Mais nous n’avons parlé que du flux gazeux… qu’en est-il du biochar, le flux solide de la pyrolyse ?
Vous le savez, les végétaux ont un impact positif sur l’émission de carbone, car ils capturent le CO2 et rejettent du dioxygène.
Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que les végétaux ne capturent pas le carbone « pour toujours ».
Quand un végétal meurt et se décompose, le carbone est relâché dans l’atmosphère…
Leur rôle n’est pas celui d’un puits sans fond, mais plutôt d’une pompe.
Or, le biochar offre une capture carbone beaucoup plus durable… car lors de la pyrolyse, le flux solide qui forme le biochar est un carbone presque pur.
Le biochar est utilisé dans les sols (nous en reparlerons), où il joue un rôle dans leur fertilisation… et seul 20 % de son carbone sera relâché très, très lentement dans l’atmosphère – on parle de plusieurs centaines d’années.
80 % du carbone capturé dans le biochar restera définitivement stocké à l’intérieur de ces morceaux de charbon…
Ainsi, le bilan carbone de la production de biochar est négatif, car contrairement (par exemple) au fumier qui finit par rejeter le CO2 absorbé, ici on « pétrifie » le carbone qui devait être stocké temporairement par les végétaux…
Mais ce n’est pas tout : le biochar est également un énorme atout pour la production agricole.
Le secret des civilisations précolombiennes
Quand les Occidentaux se sont intéressés aux civilisations précolombiennes, une question récurrente était de savoir comment elles avaient pu cultiver les sols souvent acides et infertiles des tropiques pour nourrir leur population…
Et la réponse, vous vous en doutez, c’était le biochar.
Les Précolombiens utilisaient un type d’agriculture qu’on appelait « slash and char », qui consistait à couper les arbres de la forêt (et ceux du défrichement des champs) et à carboniser cette biomasse plutôt que de la brûler intégralement.
En résultait un charbon qui se mélangeait avec d’autres fertilisants comme le fumier, et qui transformait des sols pauvres en terres fertiles.
À ce stade, vous vous demandez sans doute ce que le biochar a de si extraordinaire qu’il peut changer des sols inexploitables en terres agricoles de premier choix…
Et vous avez raison : c’est extraordinaire !
Pour croître, une plante a besoin de soleil, mais aussi d’eau, de nutriments et de micro-organismes à proximité.
Pour le soleil, le biochar n’y peut rien, bien entendu… Mais pour le reste :
– sa structure poreuse en fait une éponge naturelle qui retient les eaux des sols soumis au stress hydrique – et leur empêche de se dessécher ;
– son pouvoir absorbant lui permet de fixer les nutriments et de les mettre à disposition des plantes ;
– enfin, il améliore le pH des sols et facilite la vie microbienne. Là où il y a du biochar, la quantité et la diversité des micro-organismes du sol explose.
Si l’on résume :
– la pyrolyse de la biomasse permet d’auto-alimenter la production de biochar et de créer de l’hydrogène ;
– la biomasse pyrolysée piège le carbone définitivement (à hauteur de 80%) et relâche les 20 % restants beaucoup plus lentement que la biomasse qui se décompose naturellement ;
– le biochar fertilise les sols, équilibre leur pH, retient l’eau et favorise l’apparition de micro-organismes.
On dispose donc d’une technologie qui permet de capter du CO2 avec une empreinte carbone négative, de produire de l’énergie et de fertiliser les sols : du 3 en 1, sans contrepartie.
Qui est Marc Schneider ?
Marc Schneider est le fondateur d’Argo Éditions, une entreprise d’édition financière et de recherche en investissement. Sa newsletter gratuite réunit chaque semaine plus de 60 000 lecteurs.
Ancien Risk Manager, Marc aide ses lecteurs à comprendre les rouages de l’investissement en bourse et en cryptomonnaies pour prendre en main leur avenir financier.
Sa newsletter traite de sujets variés : nouvelles technologies, cryptomonnaies, psychologie de l’investissement ou encore géopolitique… avec un dénominateur commun : comprendre le monde qui nous entoure pour mieux gérer ses finances.
Mouais, mais les précolombiens n’étaient pas très nombreux, n’avaient pas de voiture ni de lobbies agroalimentaires qui ne rêvent que d’engrais et de pesticides synthétiques.
Le biochar me fait penser aux « digesteurs » qui produisent du méthane ou aux milliers d’hectare de cannes à sucre pour produire de l’alcool pour voitures. Ces 2 technologies poussent les agriculteurs a cultiver des plantes pour produire méthane et alcool au détriment de celles qui nourrissent les humains. (et à déforester au maximum)
« …..« slash and char », qui consistait à couper les arbres de la forêt… » Super ! y’a plus qu’à raser le bois de Boulogne ou de Fontainebleau pour commencer !
Heu…une des pistes sur l’effondrement des civilisations précolombiennes c’est justement la déforestation…qui aurait entrainé une surévaporation et donc un manque d’eau.
Si cette « technologie » a pu fonctionner un temps dans une civilisation essentiellement agricole, c’est une aberration pour nos sociétés industrielles extrêmement énergivores.
On commence quand à raser nos forêts ?
Il n’écrit pas qu’il faut raser les fôrêts, il donne juste un exemple pour étayer son propos. Il explique que l’ojn peut récupérer le fameux Biochar à partir de déchets organiques, bois, pailles, écorces, résidus de cultures sèches et autres.
C’est une alternative qui me paraît en tous cas beaucoup mieux que toutes ces éoliennes à la noix. Chez moi, ça pousse comme des champignons et là où elles sont, les petites bestioles n’y vont plus et les oiseaux non plus. Ça ne me semble pas très bon pour conserver un bon équilibre environnemental alors que le Biochar ne dénature rien puisque c’est une recyclage.
Ca me laisse dubitatif car les techniques de pyrolyse de biomasse sont déjà anciennes et un bilan carbone négatif est à prendre avec beaucoup de pincettes. Rappelons-nous les premiers ACV sur les agro-carburants. Ils font rire quand on les présente aujourd’hui—Bayrou, il y a quelques années, à propos de l’usine Abengoa de Lacq, avait perdu une bonne occasion de se taire car il trouvait géniale la production d’éthanol à partir de maïs !! Sans commentaires.
De plus, les annonces sur le biochar m’incitent à penser qu’il est régulièrement nécessaire de faire monter les cours de quelques starts-ups qui n’ont qu’une boite postale à proposer.
Signé : Un ancien directeur scientifique d’une grande société française.
Oui, cela paraît intéressant comme technologie, mais attention !!! La définition sur Wikipédia (et bien d’autres !) donne les restrictions :
« L’utilisation du biochar peut aussi présenter certains risques pour l’eau, l’air, les sols, la santé ou la biodiversité :
Bref, cela peut être valable localement et à petite échelle si tous les paramètres, conséquences… ont bien été étudiés.
A suivre !
Très, très intéressant, alors pourquoi n’en entend-on pas parler plus que ça ?
Hum, et si on commençait par la replantation de l’Amazonie ?
Bonjour,
mais alors peut on utiliser le biochar comme du paillage ?