Xavier Cauquil : « Un bien étrange empressement écologique : lecture philosophique »
La météo est décidément impossible : elle s’ingénie à faire mentir ceux qui voudraient lui assigner le rôle d’ambassadeur des dérèglements climatiques.
Dernière victime en date, le 23 juillet 2023 : le programme gouvernemental « France Nation Verte ». Alors que l’ensemble de la façade océanique du pays se trouvait copieusement arrosée et sous l’emprise de températures plutôt vivifiantes pour un plein été, le nouveau Secrétariat général à la planification écologique a accouché d’un plan d’actions placé sous le signe de l’urgence climatique, brûlant dès son préambule de références aux sécheresses intenses, aux incendies précoces, aux vagues de chaleur, et même à l’inattendue « canicule océanique ». Un manque de chance qui n’aura sans doute pas empêché les rédacteurs du précieux document de sauter aussitôt dans un avion pour la Corse ou pour les Seychelles avec le sentiment du devoir accompli et du travail bien fait, pénétrés par le fait que « urgences climatiques, énergétiques et environnementales nous imposent une accélération sans précédent des efforts collectifs pour réduire notre empreinte écologique ». Un séjour dans les mers chaudes est finalement une manière d’éprouver intensément sur le terrain la réalité du réchauffement climatique, et l’effort devrait être salué comme une preuve de conscience professionnelle même pendant les congés…
Pour le commun des mortels, que la planète se rassure, « France Nation Verte » veille, même si la plupart de nos compatriotes ignorent encore jusqu’à son existence. Et ceux qui en font la découverte ne peuvent s’empêcher de noter le décalage patent entre ce label national et l’échelle de la cause en jeu, qui fait de notre hexagone, convenons-en, un bien minuscule champion. Si le changement climatique planétaire doit être dompté par d’irréductibles gaulois, alors il ne faudra pas tarder à nous indiquer où se trouve leur druide et surtout quelle est leur potion magique.
En fait il apparaît bien vite que ce programme prétendument national a été soufflé par des esprits ayant leur temple à Bruxelles et qu’il n’est que la déclinaison française d’un bouquet d’orientations et de dispositions voulues par l’Union européenne et qui s’imposent à la France et à l’ensemble des États membres sous le nom évocateur de « Pacte vert européen ».
Ce Pacte présenté par la Commission européenne en décembre 2019 se veut la réponse pratique à la déclaration faite par le Parlement européen d’un état d’urgence climatique. Il s’agit d’une feuille de route pour une « Europe climatiquement neutre en 2050 », après le point d’étape d’une réduction des émissions de 55 % en 2030 assortie d’un paquet de mesures législatives – nouvelles ou révisées -, qui forment « l’ajustement à l’objectif 55 » (« Fit for 55 »). Ainsi que le précisent les plaquettes officielles, l’idée est « d’amorcer une transformation profonde et globale de notre société et de notre économie ».
État d’urgence sanitaire et état d’urgence climatique : même combat
Or, cette urgence climatique sitôt proclamée s’est trouvée bousculée début 2020 par une autre urgence, sanitaire comme chacun s’en souvient, d’ailleurs présentée comme en filiation directe avec elle. Le moment est venu désormais de rattraper le temps perdu et de mettre à profit les avancées méthodologiques testées durant la séquence critique Covid en matière de gestion sociale et comportementale.
Et c’est bien là que les questionnements comme les problèmes commencent !