Les méga-bassines : une aberration écologique au service du capital ?

Le 25 mars 2023, tous les yeux étaient rivés du côté de Sainte-Soline, petite commune des Deux-Sèvres. Ce jour-là, plusieurs milliers de personnes étaient venues montrer leur opposition au projet de construction de méga-bassines. Et si un mot pouvait décrire ce qui s’est passé lors de la manifestation, c’est bien le mot “violence” : une quarantaine de policiers et près de 200 manifestants ont été blessés, dont deux en urgence absolue. 

Très vite, plusieurs scandales ont vu le jour avec, en première ligne, Gérald Darmanin dont les mensonges se sont enchaînés avec un aplomb qui n’est pas sans rappeler l’affaire du Stade de France il y a moins d’un an. De leur côté, Le Monde et Mediapart ont publié un enregistrement du SAMU, mettant en cause les forces de l’ordre qui avaient donné pour ordre de ne pas intervenir pour aider les manifestants blessés. Si l’authenticité de cet enregistrement reste encore à prouver, une chose est sûre : Sainte-Soline est devenu le théâtre de toutes les colères. Le gouvernement a-t-il donc raison de craindre un nouveau “Notre-Dame-des-Landes” ? Rien n’est moins sûr. 

Pour ce nouveau Juste Mensuel, il n’est pas question d’évoquer le traitement des violences policières, plusieurs spécialistes étant bien plus à même d’aborder le sujet que moi. Le but est plutôt d’aborder la thématique par la racine : qu’est-ce qu’une bassine, ce nouvel outil utilisé pour lutter contre la sécheresse et dont la prolifération se fait un peu partout en France ? Pourquoi le gouvernement et les défenseurs de ce genre de projets tiennent-ils tant à développer le concept ? Et pourquoi ces projets trouvent-ils autant d’opposants ? 

Qu’est-ce qu’une méga-bassine ?

Qui mieux qu’une ONG pour donner la définition la plus précise possible de ce qu’est une “réserve de substitution” ou “retenue de substitution”, nom technique  pour désigner les méga-bassines ? Dans un article dédié au sujet et publié sur son site Internet, Greenpeace explique que “les méga-bassines sont de gigantesques ouvrages de stockage d’eau destinées à répondre aux besoins de l’agro-industrie, notamment en période estivale. Il s’agit d’énormes bassins artificiels, plastifiés et imperméables” [1]. 

L’idée des méga-bassines est née au milieu des années 90. Leur gestion est soumise au régime juridique des installations, ouvrages, travaux ou activités (ou IOTA) dépendant du Code de l’environnement. Si elles font tant parler, c’est que leur taille est immense et qu’elles nécessitent des besoins en construction énormes : une méga-bassine fait en moyenne 8 hectares soit l’équivalent d’une dizaine de terrains de foot. Dans les Deux-Sèvres, à Sainte-Soline, la bassine pourra contenir jusqu’à 650 000m3 d’eau… de quoi remplir par moins de 260 piscines olympiques. Des dimensions et des proportions démentielles pouvant déjà permettre de voir une introduction du problème que les opposants peuvent avoir. 

Concrètement, la réserve de substitution est un moyen trouvé pour permettre de limiter les risques de sécheresse dans un contexte de réchauffement climatique : l’eau est stockée l’hiver dans les surplus des nappes phréatiques afin d’être utilisée quand les nappes sont vides, en particulier l’été. Si ces projets ont commencé à émerger en France, c’est à cause d’un constat de la Ligue de Protection des Oiseaux en février 2022. Selon l’association, “plus de la moitié des terres humides a disparu au cours du siècle dernier” [2]. 

Article réservé

Vous voulez lire la suite ?

Cet article est issu du numéro de mai 2023 de Juste Mensuel.

Pour le lire en entier, vous pouvez vous procurer la version numérique de ce numéro et soutenir Juste Milieu en vous abonnant à Juste Mensuel en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Je m’abonne à Juste Mensuel

Partagez

Twittez

Partagez par mail