Martin Bernard : « Milner et la Déclaration Balfour, aux sources des tensions en Palestine »
La guerre meurtrière qui fait rage depuis le 7 octobre 2023 dans la bande de Gaza – 25 000 femmes et enfants palestiniens tués, selon le Pentagone – ne peut être comprise sans invoquer l’Histoire. En particulier celle qui précède la fondation de l’État d’Israël en 1948. En effet, sans le soutien du gouvernement britannique à l’implantation d’un État juif en Palestine à partir de 1917, le mouvement sioniste fondé par Théodore Herzl n’aurait sans doute jamais atteint son objectif.
J’ai décrit, dans un précédent article pour Le Banquet, l’influence du groupe de la Table Ronde, dominé par Alfred Milner, au sein des structures de pouvoir britannique au début du 20ème siècle, ainsi que les conséquences de son action sur la sujétion actuelle des pays européens à la doctrine atlantiste des États-Unis. Fait intéressant, nous retrouvons aussi Milner et son réseau derrière le soutien initial du gouvernement britannique à la création d’un foyer juif en Palestine.
Durant la Première Guerre mondiale, pour stimuler la révolte des populations arabes contre les Turcs (alliés de l’Allemagne et détenteurs du pouvoir au sein de l’Empire ottoman), le gouvernement britannique leur promit l’indépendance en cas de victoire. D’un autre côté, Londres – sous perfusion financière pour soutenir « l’effort de guerre » – chercha à s’assurer le soutien moral et financier des grandes fortunes juives en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Russie. Le 2 novembre 1917, le Premier ministre Arthur Balfour adressa une lettre ouverte à Lord Walter Rothschild, banquier et leader informel du mouvement sioniste en Grande-Bretagne. Cette lettre, officialisant le soutien britannique à l’établissement d’un foyer juif en Palestine, devint célèbre sous le nom de « Déclaration Balfour ».