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Roland-Garros, Biarritz-Bayonne : 2 salles, 2 ambiances

Quelle est la différence entre la demi-finale Nadal-Djokovic et le match de rugby Biarritz-Bayonne ? Vous allez comprendre...

Nous sommes le vendredi 11 juin sur le court Philippe-Chatrier.

L’édition 2021 de Roland-Garros assiste (enfin) à la demi-finale promise dès le début de la compétition.

Rafael Nadal affronte Novak Djokovic devant 5 000 spectateurs.

Les deux monstres du tennis mondial se rendent coup pour coup, ce match entre petit à petit dans la légende.

Jusqu’à cet instant tout simplement incroyable…

Eh oui, couvre-feu oblige, les 5 000 spectateurs redoutent la suspension du match pour les inviter à quitter le court et rentrer chez eux.

L’ambiance commence à gronder, les “Forget démission !” et autres “On s’en ira pas !” se multiplient dans les tribunes.

Jusqu’à l’annonce miraculeuse de l’arbitre…

Madame, Monsieur, en accord avec les autorités nationales, le match ira à son terme en votre présence.

Et là, tout bascule !

Le public scande des “Merci Macron !” pendant plusieurs minutes jusqu’à la reprise du match qui verra Novak Djokovic s’imposer sur le score de 3-6, 6-3, 7-6, 6-2.

Une fois l’euphorie retombée, on aura le droit à quelques précisions de la part d’Amélie Oudéa-Castéra, directrice générale de la Fédération française de tennis.

C’est une décision qui a été prise au dernier moment au vu de ce spectacle hors du commun. C’est une décision de bon sens, qui, je crois, si elle n’avait pas été prise, aurait créé plus de trouble qu’elle n’en aurait évité.

C’est bizarre, on n’a pas entendu le même discours du côté du Pays basque…

Le lendemain dans la France profonde…

12 juin 2021.

Finale d’accession de Pro D2 entre l’Aviron Bayonnais et le Biarritz Olympique.

Le vainqueur de ce derby basque remporte son billet pour le Top 14 la saison prochaine.

5 000 spectateurs chauffés à blanc remplissent tant bien que mal les tribunes du stade Aguilera.

Soyons honnêtes : 5 000, c’est la jauge officielle. Le contexte a dû pousser les stadiers à un peu de laxisme…

Dans un scénario complètement dingue qui verra Biarritz s’imposer au terme d’une séance de tirs au but (!), le stade va s’enflammer.

De nombreux spectateurs envahissent le terrain, la joie est palpable, l’euphorie est totale.

Comme à Roland-Garros la veille, simplement, le sport et la vie reprennent leurs droits.

Et pourtant…

Biarritz-Bayonne : le préfet saisit le procureur de la République pour non-respect de la jauge de 5 000 spectateurs

Voilà ce que l’on peut lire dans un article du Figaro en date du 12 juin 2021.

Rien de plus qu’un préfet qui fait du zèle auprès de sa population heureuse d’assister “comme avant” à un derby qui fait l’histoire de son département.

Des propos qui vont donner naissance à des échanges houleux entre ce même préfet et Jean-Baptiste Aldigé, président du club biarrot.

Y’a rien qui cloche ?

Le vrai match de cette histoire : Paris – province ?

Comment ne pas voir une énième résurgence de la frontière invisible entre Paris et le reste de la France ?

Comment ne pas interpréter, hâtivement peut-être, cette ambivalence dans deux contextes sportifs relativement proches ?

Comment ne pas se laisser tenter par un peu de démagogie : la grâce présidentielle pour les spectateurs aisés de Roland-Garros, le bâton pour les “beaufs” qui vont boire de la bière, chanter et célébrer pendant un match de rugby dans le stade du coin ?

Rappelons cela : autour de 140 € pour les billets les moins chers pour la demi-finale de Roland-Garros contre environ 30 € pour Biarritz-Bayonne.

Et on ne parle même pas de ces mesures sanitaires aussi inévitables que frivoles, que l’on suspend d’un coup de baguette magique quand le cœur nous en dit…

Loin d’être anecdotique, cette affaire souligne un petit bout de France d’aujourd’hui.

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Marc
Marc
2 années il y a

et que dire du mardi 8 juin France/Bulgaie 5000 spectateurs serres comme des sardines face camera sur un stade de 80000 personnes et on leur demande de respacter les gestes barrieres ..couvre feu a 21h debut du match 21h….y pas un souci la aussi …stop a la dictature de tous ces guignols qui nous gouvernent

Cyrille
Cyrille
2 années il y a

Mauvaise foi Rémy.
J’accepte volontiers votre frontière Paris-Province au sein de beaucoup de domaines.. mais dire qu’il y avait une similarité et une injustice entre la situation du match de tennis et celui du rugby est une exagération totale de votre part.
L’un, le tennis, la jauge était respectée et personne n’est descendu dans le stade en s’entassant autour de Djoko le montant aux hues (ce qui est bien dommage) comme Roland Garros l’avait fait pour Noah en 1983.
L’autre, le rugby, Il n’y avait pas 5000 mais au minimum 15000 spectateurs (à ce niveau ce n’est plus du « laxisme »..). Et que ce soit pendant et après le match, la distanciation sociale n’a jamais une seconde été respectée.
Ceci dit, à part ce petit hic et d’autres, j’aime bien ce que vous faites et vous encourage à continuer.. malgré, j’imagine, des détracteurs certains.
A Jeudi,
Cyrille (avec deux ailes).

PLATANO
PLATANO
2 années il y a
Répondre à  Cyrille

Toutes ces remarques sont justes MAIS… un mois et demi plus tard, on a suffisamment de recul pour analyser les effets du match de rugby. Où sont les milliers de personnes forcément contaminées? Que sont devenues les centaines de personnes qui allaient être hospitalisées ? Quel est le nombre de morts en réanimation? Curieusement, plus personne n’a donné des nouvelles de ce fameux « cluster géant » du stade de Biarritz tel qu’il avait été dénoncé par les autorités préfectorales. Et que dire de l’Euro de football avec des stades archi-pleins en Angleterre où le chiffre des contaminations est en baisse? Mais je me tais. On va finir par me traiter de complotiste!!!

PTIT MYTHO
2 années il y a
Répondre à  PLATANO

Exactement, le souci il est là, et justement, ce style d’évènement devrait servir de ‘jurisprudence’ pour tous les évènements extérieurs. Mais on avait déjà eu le vas avec les Rave Party de Redon et Rennes, où l’on criait presqu’à l’acte terroriste de ces fêtards égoïstes et inconscients.
Et au final, rien de rien, ni cluster, ni malades etc. Si ça avait été le cas, le gouvernement n’en serait servi, à ne pas en douter. Le scénario s’est répété aux carnavals de Marseille et Dunkerque…

Andre Garrigues
Andre Garrigues
2 années il y a

Très bon article comme toujours merci ,La coupure est de plus en plus palpable entre les 46%et tous les autres,( et 46%ca date , sûrement plus aujourd’hui…..)
Et cela est voulu et organise

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